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Le 17 mars dernier, le président américain a visité pour la première fois, le John F. Kennedy Center for the Performing Arts, mythique centre culturel national ouvert au début des années 1970 à Washington. Ce tour du propriétaire marque symboliquement, la prise de contrôle politique de cette institution culturelle, bien que la démarche controversée, continue à susciter colère, indignation et incompréhension.

Patrick Demanou Kana

Le buste du Président Kennedy dans le hall du Kennedy Center à Washington est l'une des principales œuvres d'art du lieu © Ellyn Mainguy

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Rien ne va plus dans le monde de la culture aux États-Unis, depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier dernier. C'était pourtant prévisible, si on s’en tient à son post du 14 mars dernier, repris par le site américain People : « Sous ma direction, nous allons rendre au Kennedy Center de Washington D.C., sa grandeur d’antan. J’ai décidé de licencier immédiatement plusieurs personnes du conseil d’administration, y compris le président, qui ne partagent pas notre vision d’un âge d’or des arts et de la culture. Nous annoncerons bientôt un nouveau conseil d’administration, avec un président extraordinaire, Donald J. Trump ! »

Contrairement à ce que pourrait penser le grand public, Christophe Cloutier-Roy, chercheur en résidence à la Chaire Raoul-Dandurand et chargé de cours en politique américaine à l'Université Laval affirme qu’« il n’y a rien d’anticonstitutionnel » dans les agissements de Trump. Une prise de position en phase avec celle de Calvin Khalesi, doctorant en Science politique à l'Université de Montréal qui étudie le recul démocratique aux États-Unis, avec un accent sur le plan de la culture.

Ce citoyen américain, diplômé de l’University of South Florida à Tampa (Floride), élargit son spectre d’analyse : « Ce n’est pas juste les institutions culturelles en soi que Trump veut réformer. La prise de contrôle des institutions culturelles, poursuit-il, se réalise dans le cadre d’une attaque plus générale contre tous les organes de l’État ». 

Déconsolidation des institutions démocratiques

« Je ne pense pas que le centre Kennedy posait le plus grand danger au pouvoir de Trump », insiste Khalesi. C’est une action de consolidation de son pouvoir. Une question d’affaiblissement de l’État et d’« affaiblissement de l’opposition institutionnelle à son pouvoir ». Objectif, « leur [enlever] leur capacité de s’opposer à lui », soutient-il. On se rappelle qu'à la suite de l’éviction de ses responsables de longue date, en l’occurrence le président du conseil d’administration David Rubenstein ou encore la directrice, Deborah Rutter ; Donald Trump s’était autoproclamé président.

 

Il a « achevé la dernière étape de sa transformation du centre », en nommant les animatrices de Fox News, Laura Ingraham et Maria Bartiromo. C’est pourquoi, Christophe Cloutier-Roy qui offre une expertise sur les institutions politiques américaines, conclut qu’il ne s’agit pas seulement d’administrer le centre, « ce qui pourrait se faire de manière relativement moins partisane ». Mais c’est « mettre l’Etat sous son contrôle et [celui] de ses alliés », pense Calvin Khalesi. « Il s’arrange à avoir autour de lui des gens pas forcément qualifiés pour certains postes, poursuit-il, mais (…) des fidèles qui partagent la même vision que lui ». Et du coup, on assiste logiquement à « une grande politisation du Kennedy Center », lâche Christophe Cloutier-Roy.

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Depuis son retour à la Maison-Blanche il y a deux mois, Donald Trump enchaîne les actions politiques fortes © Ellyn Mainguy

Comprendre la focalisation sur le Kennedy Center

Les 193 drapeaux du Hall of Flags du Kennedy Center représentent tous les pays avec lesquels les États-Unis ont des relations diplomatiques © Ellyn Mainguy

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Selon des statistiques disponibles sur son site web, « le Kennedy Center s'efforce de cultiver une culture d'inclusion, où [l’] art et [les] publics sont aussi riches, diversifiés et en constante évolution que l'Amérique elle-même ». Ce sont par an : plus de 2 millions de visiteurs, 2 200 performances et expositions ou encore 400 spectacles et événements gratuits. Or, selon Khalesi, l’administration Trump qui a développé une « rhétorique de guerre » contre le « wokisme » qu’elle associe « à une dégradation de la culture américaine » a, comme l’affirme Christophe Cloutier-Roy, « politisé le discours aux États-Unis, incluant le discours culturel ».

 

La prise de contrôle du Kennedy Center s'inscrit dans une série d'actions visant à réorienter les institutions culturelles américaines. Trump ayant plus d’une fois, exprimé son mécontentement envers certaines productions qu'il jugeait « terribles » et a critiqué les contenus « woke » et anti-américains. L’avenir semble s'écrire en clair-obscur.

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